dimanche 17 mai 2015

Une expo titrée "eau art et patrimoine"... ou comment se foutre des gens





http://femmesavenir.blogspot.com/2015/05/la-pelouse-un-saccage-ecologique-dans.html

Une expo d'art.. dans un village occitan (Saint Ambroix) un peu acculturé (juste un peu, bigre, c'est mon bled* !) dans un cadre à la fois superbe (et un peu sinistre -très isolé-) que, comme tous les couillons, j'ai -au départ- beaucoup admiré : une pelouse, de la fraîcheur, des bassins-piscines, le paradis terrestre dans nos contrées brûlées par le soleil de Satan...  

Jusqu'à ce que je comprenne (ou plus exactement jusqu'à ce que des plus futés que moi me fassent comprendre).. que "rien ne se crée rien ne se perd" et que cette eau dilapidée en abondance était aussi perdue (et polluée) pour d'autres, notamment des agriculteurs ; que ce paradis avait été un VERGER ET UN JARDIN qui autrefois nourrissait une bonne partie du village (vivent Monsanto et les Lidles, Carrefours et autres Intermarchés).. que l'esthétique et/ou le confort (de quelques uns) se payait d'un saccage pour tous et l' "ouverture" (!) d'un lieu pour quelques jours, de la tentative (inaboutie**) de barrer définitivement un CHEMIN COMMUNAL qui dessert -à pied- un village plus loin et ouvre sur un panorama magnifique etc... 

Qu'à cela ne tienne ! Me voilà, à cause d'une croquignolette histoire de lierre qui dépasse (!)*** -comme toute la végétation au printemps chez tous, mais chez moi, c'est VOLONTAIRE, ce qui donc aggrave considérablement mon cas - invitée (wouiiii) à ce que l'on peut appeler un vernissage, dans ce lieu. Que faire ? dirait Lénine. Y aller, c'était cautionner ce saccage écologique (dont beaucoup ne sont, comme moi au départ, nullement conscients) ; ne pas y aller aussi. Pas le choix, j'y vais. En retard, c'est chronique (sans doute mon nom a-t-il été attribué ironiquement à mes ancêtres si c'est des Larrivé que je tiens cette propension -mais ma mère en était aussi affligée, je suis donc monozygote.) J'échappe ainsi à la plupart des discours de congratulations habituels -mais bon enfant-.. et lorsque j'arrive, c'est un monsieur élégant qui parle... des arbres qu'il.. sculpte ? (en fait, pour ce que j'en vois, ça ressemble plutôt à de petites planches mais baste je n'ai pas tout vu, vous allez savoir pourquoi ensuite)... et si j'ai bien compris, de leur âme (pour ce qui est du bois flotté, soit, mais en faire abattre -?- pour en exprimer leur âme me semble aussi contradictoire que tuer un animal domestique pour en abstraire religieusement son essence.) Puis vient un chanteur, qui fait l'éloge du maître des lieux.. et il se tourne pour voir si quelqu'un veut parler. Je veux. 

Je prends le micro.. et aussitôt la maîtresse des lieux me saute littéralement dessus, "Tu n'as pas à parler" (?!) puis un/e ? autre... et un gus crie derrière moi je ne sais quoi mais avec un fort accent que je reconnais (que je suis folle, une enseignante lamentable -?- qu'il faut plaindre mes élèves -?- etc) brève "bagarre" sur le podium autour du micro, je tiens bon (je ne lâche pas)..  un ancien pote (celui qui hurle) s'approcher de moi, je suis soudain entourée.. (!) jusqu'à ce que j'en appelle, un peu énervée tout de même, au Maire (qui, je pense, a empêché que cela ne dégénère davantage) : "Pourquoi m'avoir invitée Monsieur le Maire ?" (Je crie.) Je parviens quand même à parler (mais on m'a coupé le micro ! C'est ben con yapludepiles.) Qu'importe.. quelques applaudissements.. Je pars, soulagée, j'ai sauvé l'honneur (si l'on peut dire.) Alors que je suis presqu'arrivée chez moi, un monsieur passe dans une grosse voiture rutilante et me fait un geste de la main pouce levé, j'espère que cela ne s'adressait pas à mon cul mais à ma pauvre mais peut-être efficace prestation. J'ai eu la seule satisfaction avant de partir de traiter le pote de "petit con" ça porte mieux évidemment sur un podium ou juste après qu'en tête à tête, ce que je n'avais jamais vraiment eu l'occasion de lui signifier en public. (Rires au même moment d'un groupe dans lequel il pérorait, il est vrai que le terme lui va comme un gant.) 

Que dire? Que nous sommes, nous car je m'inclue un peu ? des ? je ne trouve pas le mot. Manipulés? Colonisés? Abrutis? d'ainsi laisser saccager un patrimoine, et là c'est le comble, sous prétexte de le mettre en valeur, d'invoquer sur gonfalon des ressources qu'on a pris grand soin d'épuiser (l'eau) et applaudir? Le pote qui a tenté de m'empêcher de parler est paysan donc sans doute un des premiers à pâtir de ce saccage... ce n'est pas forcément significatif mais tout de même. Que tous ceux qui me disent que "j'ai raison" ("je" !!) en fait, devant le désastre, ne disent et ne font rien ou très peu, voire semblent parfois -plus ou moins discrètement- le cautionner. Que ceux-là seuls qui pourraient agir (à la fois intellos, friqués, reconnus) ne se soucient pas de ces futilités.. et dès qu'ils ont quelques vacances partent qui en Asie qui aux USA ou au Japon.. Et que les Cévennes meurent de cette désinvolture, de ces inconscients ou salopards qui la pillent. "Citoyenne du monde", je ne me sens pas nationaliste ni même régionaliste (les mouvements occitans sont.. passons) mais c'est en train de me venir. 


Épilogue, au fond réconfortant..

Sous la pelouse, les pavés en somme. La violence invraisemblable avec laquelle on m'a sauté dessus -mais publique cette fois, le reste du temps, elle n'avait pour seul témoin que Vôtan- montre parfaitement qu'un saccage écologique s'accompagne toujours d'un saccage humain, qu'une violence contre la nature n'est que la déclinaison soi disant soft d'une violence humaine, et que sous le chic d'une expo, buffet et congratulations cucul, il y a un virus qui ne demande qu'à coloniser la cellule : l'âpreté au profit à tout prix, le saccage d'une région qui -parfois- n'est pas leur et après moi le déluge.

*Ceci est évidemment du second degré ..
**http://chemincasse.blogspot.fr/
***http://lecanarddumidi.blogs.midilibre.com/archive/2015/04/15/nouvelles-du-front-le-lierre-qui-gene-l-origine-de-l-affaire-831459.html
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